Questions émergentes

CAREX Canada a préparé des fiches et des estimations sur l’exposition environnementale et professionnelle pour 73 agents évalués par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme étant des carcinogènes connus, probables et possibles. L’équipe de CAREX a classé ces agents comme des sources d’exposition importantes dans le contexte canadien. Dans le cadre de son effort continu de surveillance de ces expositions, l’équipe de CAREX suit également des substances qui préoccupent de plus en plus les Canadiens. Parmi celles-ci, il y a des substances que le CIRC prévoyait évaluer dans le futur qui pourraient éventuellement être classés comme des agents carcinogènes connus ou présumés. Nous avons résumé l’état de bon nombre de ces agents ci-dessous et avons fourni des liens à plus d’information sur leur effet connu ou présumé sur la santé.

L’IMPRESSION EN 3D

L’impression 3D, également appelée fabrication additive, est un processus qui crée des objets tridimensionnels en déposant un matériau spécifique couche par couche. Différents matériaux aux propriétés variées sont utilisés dans l’impression 3D, notamment les thermoplastiques (les plus courants étant l’acrylonitrile butadiène styrène (ABS) et l’acide polylactique), les métaux, la céramique et le verre, les résines et les matériaux flexibles (tels que le polypropylène, le caoutchouc) . Typiquement, le matériau est déposé sous sa forme liquide ou en poudre. Compte tenu de son potentiel de rationalisation de la production (par exemple dans les secteurs de la fabrication, de l’aérospatiale et des soins de santé) et de son accessibilité croissante, l’impression 3D est de plus en plus utilisée par l’industrie et le grand public. Cela pourrait avoir des conséquences sur l’exposition professionnelle et environnementale. Au cours des dernières années, l’évaluation de cette exposition a suscité un intérêt accru. Des études préliminaires montrent que les imprimantes 3D peuvent produire des niveaux élevés de particules ultrafines, qui auraient un impact sur le fonctionnement respiratoire et les résultats cardiovasculaires. Ils peuvent également produire des composés organiques volatils (COV), qui englobent un grand groupe de composés impliqués dans l’irritation des yeux et du nez et dans les lésions du foie, des reins ou du système nerveux central. En particulier, le styrène, potentiellement cancérogène, est le principal COV libéré lors de l’utilisation de l’ABS. En outre, certaines poudres métalliques utilisées dans l’impression 3D (par exemple, les alliages de cobalt et de nickel) ont été classées comme potentiellement cancérogènes par le CIRC et sont associées à des effets sur la santé, notamment une neurotoxicité et des complications pulmonaires.

Références

ACROLÉINE

L’acroléine est un pesticide liquide hautement volatil homologué au Canada. Il sert à supprimer les mauvaises herbes et les algues dans les canaux d’irrigation et les systèmes d’injection d’eau au cours des activités d’extraction de pétrole brut. L’acroléine peut également se former et se propager à partir de sources naturelles (feux de forêt ou processus de fermentation p. ex.) ou à partir de sources d’origine humaine (combustion de matières organiques et de carburant, fumée de cigarette, cuisson à haute température et activités de l’industrie forestière p. ex.).

L’exposition à l’acroléine se fait par inhalation. Sont le plus à risque les personnes qui fument ou sont exposées à la fumée secondaire, celles qui travaillent près de sources de fumée issue de la combustion du bois ou du plastique, et celles qui vivent et travaillent dans des zones où le trafic est dense.

Classée actuellement comme un agent carcinogène du groupe 3, l’acroléine a été désignée par le CIRC comme une substance d’intérêt prioritaire à examiner plus amplement d’ici à 2019 en raison de nouvelles données portant sur son mécanisme d’action et la possibilité qu’elle puisse causer le cancer de la vessie. D’autres effets de l’acroléine sur la santé sont l’altération de la fonction pulmonaire et l’irritation des voies respiratoires.

Références

BISPHÉNOL A

Le bisphénol A (BPA) est un composé synthétique largement utilisé dans les résines époxydes servant de couche protectrice à l’intérieur de certaines boîtes de conserve métalliques pour aliments et boissons. Le BPA sert aussi pour les reçus en papier et des articles en plastique comme les bouteilles de boisson et les contenants d’aliments. L’Organisation mondiale de la santé a examiné la cancérogénicité du BPA en 2010 et a conclu qu’il n’y avait pas assez de preuve pour en évaluer le potentiel cancérogène à ce moment-là. Depuis, plusieurs études ont fourni suffisamment de nouvelles informations pour justifier un examen, et le CIRC a inclus le BPA dans sa liste de haute priorité pour étude par 2019.

Compte tenu du fait que le BPA est potentiellement un modulateur endocrinien, la Direction des aliments de Santé Canada recommande d’appliquer le principe général ALARA (le plus bas que l’on peut raisonnablement atteindre) afin de maintenir l’effort de limiter l’exposition de nouveau-nés et de nourrissons, tout particulièrement aux préparations préemballées pour nourrissons comme seule source d’alimentation.

Références

LA LUMIÈRE BLEUE LA NUIT

La lumière bleue est une couleur du spectre optique visible qui présente la plus grande énergie et la longueur d’onde la plus courte. En conséquence de l’éclairage artificiel, les périodes de clarté et de noirceur ne dépendent plus seulement du soleil. Le recours à l’éclairage avec DEL (diodes électroluminescentes) (p. ex. pour l’éclairage de rue et l’éclairage intérieur) et les appareils électroniques émettant de la lumière (p. ex. les télés, téléphones cellulaires, ordinateurs et livres numériques) a sérieusement augmenté l’exposition de la population à la lumière bleue. Peu importe laquelle, toute exposition à une lumière la nuit a un effet perturbateur sur le rythme circadien de l’organisme, la lumière bleue causant la plus grande perturbation. Le rythme circadien est un processus biologique qui règle le cycle éveil-sommeil et le cycle solaire clarté-noirceur.

En perturbant le rythme circadien, la clarté émise pendant la nuit réduit la production de mélatonine. On sait que les courtes longueurs d’onde de la lumière visible (lumière bleue) ont le plus gros effet sur la suppression de la mélatonine. La mélatonine est l’hormone qui fait passer d’abord des yeux au cerveau l’information sur la lumière ambiante et la noirceur, puis au reste de l’organisme. Les chercheurs conjecturent que la suppression de la mélatonine pourrait être associée à un plus grand risque de cancer du sein et de cancer de la prostate.

Plusieurs études démontrent le lien entre le dérèglement du rythme circadien au travail et un plus gros risque de cancer du sein et de la prostate. Se basant sur une preuve suffisante auprès d’animaux en laboratoire et de preuve limitée chez les humains, le Centre international de recherche sur le cancer a établi que le travail par postes avec perturbation circadienne était un cancérogène probable(groupe 2A). Les récents rapports indiquent que ces cancers hormonodépendants peuvent aussi être associés à l’exposition à la lumière bleue de l’éclairage artificiel extérieur. L’exposition à la lumière bleue la nuit à l’intérieur n’a pas encore été étudiée en lien avec le cancer du sein et de la prostate.

Références

MÉLANGES DE SUBSTANCES CHIMIQUES

Les Canadiens sont exposés à un mélange de substances chimiques, naturelles ou artificielles, à leurs lieux de travail et dans leurs communautés. Une fois qu’elles sont l’environnement, ces substances peuvent pénétrer dans le corps humain par un nombre de voies et moyens d’exposition, incluant l’inhalation de l’air ambiant et extérieur, l’ingestion de nourriture et d’eau et l’utilisation de produits de consommation. Il est difficile de caractériser de manière précise ces expositions complexes et d’en mesurer l’impact sur la santé humaine, surtout en combinaison les unes avec les autres. Certains scientifiques conjecturent que les mélanges de substances chimiques peuvent avoir un effet cancérogène même si les éléments constituants ne sont pas des agents cancérogènes connus. La recherche actuelle se penche principalement sur l’effet sur la santé de l’exposition aux substances chimiques, mais ce, une substance à la fois, ce qui limite notre compréhension de la manière dont ces substances fonctionnement en combinaison.

Nombre d’instituts et d’organismes de réglementation nationaux au Canada et à l’étranger sont conscients des défis que ces mélanges de substances chimiques représentent. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a préparé un document d’évaluation des risques des substances chimiques dans le but de soutenir l’effort international et d’arriver plus facilement à une entente. L’OMS a aussi défini plusieurs termes pertinents à la discussion sur les mélanges chimiques. En voici un exemple :

  • Risque global – scénario d’exposition qui tient compte d’une substance pénétrant par des voies multiples (aussi appelé une seule substance, toutes voies).
  • Antagoniste – lorsque la toxicité de l’exposition aux substances présentes dans le mélange est inférieure à la toxicité anticipée par la somme des parties.
  • Exposition cumulative – scénario d’exposition qui tient compte de plusieurs substances et plusieurs voies de pénétration (aussi appelé multiples substances, toutes voies).
  • Synergétique – lorsque la toxicité de l’exposition aux substances présentes dans le mélange est supérieure à la toxicité anticipée par la somme des parties.

Les chercheurs ont mis au point de nouvelles approches dans le but de mieux évaluer l’exposition aux mélanges. Par exemple, certains ont utilisé les résultats d’études de veille biologique à grande échelle pour déterminer les coexpositions les plus courantes dans une population. Ces données servent à restreindre le champ des mélanges pouvant être étudiés en priorité plus tard. D’autres utilisent une modélisation mathématique et des bases de données de dépistage pour prédire si l’exposition à un mélange produira un effet additif, synergétique ou antagoniste. Plusieurs nouvelles initiatives de recherche combinent la surveillance de l’exposition avec la science de l’exposition interne (p. ex. la génomique et la métabolomique) dans une approche appelée exposomique qui vise à caractériser l’exposition d’une personne d’une manière plus complète. Bien que ces développements soient encourageants, les chercheurs s’entendent généralement sur le fait que leur compréhension de l’exposition aux mélanges n’en est qu’à ses tout débuts.

Références

RECYCLAGE DES DÉCHETS ÉLECTRONIQUES

Déchets électroniques est le terme utilisé pour décrire les types de produits électroniques et électriques, ainsi que leurs pièces, qui sont éliminés par leur propriétaire sans aucune intention de les réutiliser. Or, le recyclage de ces déchets peut entraîner la libération de métaux lourds et polluants organiques (p. ex. produits ignifuges, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et diphényles polychlorés (BPC)) dans l’environnement. On sait que ces matières ont un effet nocif pour la santé, notamment le cancer et une altération de la fonction de la glande thyroïde, des poumons, et (ou) de l’appareil reproducteur. Le cadmium, les HAP et les BPC font partie des matières souvent libérées pendant le recyclage de ces déchets qui ont aussi été classées par le Centre International de Recherche sur le Cancer comme étant cancérogènes pour l’humain (Groupe 1).

Compte tenu des conventions et règles internationales limitant l’exportation de déchets électriques et électroniques aux pays en voie de développement, ce secteur prend de l’expansion au Canada. Des études provenant de pays à bas revenu ou à revenu intermédiaire ont identifié l’effet nocif sur la santé des personnes travaillant ou vivant près de centres de traitement de déchets électriques et électroniques. Cependant, peu d’études se sont penchées sur l’hygiène professionnelle des travailleurs de ces centres de traitement. Les installations de recyclage officielles sont autorisées et traitent les déchets à l’intérieur en tenant compte dans une certaine mesure de l’hygiène industrielle, de la protection des travailleurs et des mesures de contrôle de la pollution. Les études portant sur les installations de recyclage officielles ont souvent trouvé que les expositions à des concentrations de métaux lourds étaient supérieures aux directives professionnelles et des concentrations de produits ignifuges supérieures au niveau des groupes de référence. Deux études canadiennes ciblent actuellement la santé et sécurité au travail de travailleurs d’installations officielles de recyclage. L’étude de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail se penche sur les risques associés à l’exposition professionnelle aux contaminants chimiques, aux métaux et produits ignifuges dans les installations de recyclage de déchets électroniques au Québec. Les résultats préliminaires de cette étude indiquent que les niveaux d’exposition aux métaux seraient inférieurs aux limites d’exposition professionnelles. L’autre étude du Occupational Cancer Research Centre porte sur l’exposition par inhalation des travailleurs aux produits chimiques ignifuges dans une installation de recyclage de déchets électroniques en Ontario.

Références

FRACTURATION HYDRAULIQUE

La fracturation hydraulique (ou fracking) est un processus d’extraction du pétrole et du gaz qui consiste à injecter de grandes quantités de fluide contenant des produits chimiques et des agents comme le sable, à une très grande pression dans les formations rocheuses. Cette méthode permet de fissurer la roche et d’en extraire du pétrole ou du gaz.

Plusieurs produits chimiques utilisés dans la fracturation, dont l’acétaldéhyde, le naphtalène et la silice cristalline (sable), ont été classés par le CIRC comme étant des cancérogènes connus ou présumés. L’exposition des travailleurs à la silice au-dessus des niveaux admissibles d’inhalation en milieu de travail a été confirmée. Les substances rejetées dans l’atmosphère par l’industrie du pétrole et du gaz comme l’échappement de moteur diésel, des matières particulaires, et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), sont une autre source d’exposition aux cancérogènes pendant la construction de plateformes d’exploitation ainsi que pendant les activités de forage et de brûlage à la torche ou de ventilation. La principale voie d’exposition des travailleurs aux cancérogènes lors de la fracturation est l’inhalation. Les communautés situées à proximité des puits peuvent aussi être exposées par des contaminants via l’air et l’eau.

Références

LES SUBSTANCES PERFLUOROALKYLIQUES (SPFA)

Les SPFA forment un vaste groupe de produits chimiques synthétiques dont font partie l’acide perfluorooctanoïque (APFO) ou C8, l’acide perfluorooctanesulfonique (PFOS) et GenX. Ils ont été largement utilisés depuis les années 1940 dans la fabrication d’un grand éventail de produits de consommation et industriels, dont les colles, les produits d’entretien, les cosmétiques et les mousses extinctrices. Ils servent également à la fabrication de revêtements hydrofuges, antitaches et imperméables aux graisses pour les accessoires de cuisine, les tapis, les tissus, les objets en cuir, le papier et les emballages en carton. Les SPFA ne sont pas produites au Canada, mais sont présentes dans un assortiment de biens importés. En 2008, le Canada a interdit la vente, l’utilisation et l’importation du PFOS ou de produits qui en contiennent, à l’exception des produits de lutte contre les incendies et les produits militaires.

Les SPFA sont persistantes dans l’environnement et sont des contaminants omniprésents dans l’air, le sol, les surfaces et les eaux souterraines. Ce sont également des substances bioaccumulatives chez l’humain et les animaux qui ont été détectées dans le sérum sanguin, le sang de cordon ombilical ainsi que le lait maternel. L’ingestion semble être la voie d’exposition principale par la migration à partir des aliments ou de leur emballage, l’eau, le sol ainsi que le contact entre les mains et la bouche avec des tapis traités (notamment chez les enfants). Les Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada de Santé Canada établissent respectivement les concentrations maximales admissibles à 0,2 et 0,6 µg/L pour l’APFO et le PFOS.

Plusieurs études épidémiologiques ont démontré un lien entre les SPFA (en particulier l’APFO et le PFOS) et plusieurs types de cancers, de maladies et de fonctions vitales, dont la dyslipidémie, les maladies thyroïdiennes, la prééclampsie et la fonction hépatique chez l’enfant. En 2017, le Centre international de Recherche sur le Cancer a classé l’APFO dans le groupe 2B : potentiellement cancérigène chez l’humain. Cette décision repose sur des données probantes limitées de cancérogénécité chez l’humain et les animaux de laboratoire, ainsi qu’une association positive avec les cancers des testicules et des reins. Dernièrement, il a ciblé certains composés perfluorés (par exemple l’APFO) afin qu’ils soient étudiés d’ici 2022.

Références

POLYBROMODIPHÉNYLÉTHERS

Les polybromodiphényléthers (PBDE) sont des ignifugeants utilisés dans des produits comme les téléviseurs, les ordinateurs, les produits électroniques, les moteurs automobiles, les moquettes et les meubles. Ces agents chimiques sont libérés dans l’environnement pendant la fabrication et lorsque les produits qui les contiennent sont mis aux rebuts. Au fur et à mesure que les produits se dégradent, les EDPB demeurent présents dans la poussière domestique où elle peut être inhalée et ingérée. Ils persistent dans l’environnement, sont donc considérées bioaccumulables, les polluants organiques persistants.

Le CIRC a évalué une PBDE, déca-BDE et l’a classé comme groupe 3, non-classifiable quant à sa cancérogénicité pour l’homme. Aucun autre PBDE a été examinés pour son cancérogénicité potentielle. Toutefois, une commission d’examen organizé par le National Toxicology Program des États-Unis, qui a examiné un mélange de six composés de PBDE, décrit une preuve claire de l’activité cancérogène chez les rats et les souris mâles et femelles. La Société canadienne du cancer a un résumé utile sur comment réduire l’exposition à ces composés de PBDE (inclus ci-dessous).

Références

LE TRAVAIL SÉDENTAIRE

Le travail sédentaire se définit comme étant une activité qui nécessite peu de mouvement physique et qui dépense peu d’énergie métabolique. La sédentarité d’un travail se mesure de plusieurs manières, à savoir le temps passé assis, le titre du poste ainsi que des mesures directes tel qu’un accéléromètre. Une méta-analyse de 2014 a démontré un lien positif entre le fait de travailler assis et le cancer du côlon. Une autre étude a révélé que les participants qui avaient passé 10 ans ou plus dans un travail sédentaire présentaient un risque deux fois plus grand d’avoir un cancer rectal que ceux qui n’avaient pas de travail sédentaire. Cette étude a aussi rapporté que le risque que présente le travail sédentaire est indépendant de toute activité physique récréative ce qui signifie que le fait de ne pas bouger pendant de grandes périodes peut augmenter le risque de cancer même chez les personnes qui font régulièrement de l’exercice.

Le CIRC a inclus le travail sédentaire sur sa liste de grandes priorités pour les évaluations à effectuer d’ici 2019 et il inclura ces études et d’autres dans son examen complet.

Références

Rayonnement ultraviolet provenant de l’éclairage dans les serres de culture

Les serres de culture fournissent un environnement contrôlé permettant aux fermiers de cultiver des denrées et d’autres plantes à longueur d’année. Les progrès technologiques, notamment le perfectionnement des technologies d’éclairage, ont permis l’implantation d’un nombre croissant de serres de culture. L’éclairage horticole des serres de culture (aussi connu sous le nom d’éclairage ou lampes de culture) émet les longueurs d’onde dont se servent les plantes pour effectuer la photosynthèse (rayonnement de photosynthèse dont les longueurs d’onde s’étendent de 400 à 700 nanomètres [nm]). L’éclairage horticole peut également servir à bonifier la lumière naturelle dans les exploitations serricoles à grande échelle.

L’éclairage horticole conventionnel émet peu ou pas de rayonnement ultraviolet (UV). Cependant, les systèmes d’éclairage sont maintenant conçus pour émettre plus de rayonnement UV que l’éclairage conventionnel. Le rayonnement UV n’est pas compris dans le spectre du rayonnement de photosynthèse, mais il est important biologiquement, car il aide à réguler la croissance des plantes.

Le rayonnement UV est un danger potentiel pour les travailleurs des serres de culture. Ce type de rayonnement dont la longueur d’onde se situe entre 100 et 400 nm a été classé dans le groupe 1 (cancérigène reconnu chez l’homme) par le Centre international de Recherche sur le Cancer. L’exposition est associée au cancer de la peau et au mélanome oculaire, et peut entraîner d’autres effets néfastes pour la peau (par exemple, des brûlures) et les yeux (par exemple, la photokératite). Les lampes UV émettent également du rayonnement infrarouge qui peut être dommageable pour la peau et les yeux.

Jusqu’à maintenant, on a mené peu de recherches dans les serres de cultures afin de mesurer l’exposition au rayonnement UV en milieu de travail. Les recherches réalisées dans les serres de culture de cannabis révèlent qu’il est possible que des travailleurs soient exposés au rayonnement UV provenant de l’éclairage horticole. Cependant, les auteurs en viennent à la conclusion que d’autres recherches seront nécessaires afin de caractériser pleinement l’exposition des travailleurs au rayonnement UV, compte tenu, notamment, de l’utilisation croissante de lampes de cultures émettrices de ce type de rayonnement.

Simpson (2018) a également publié qu’on s’est mis à utiliser des lampes germicides dans des serres de culture de cannabis afin d’aider à lutter contre l’oïdium. Ce type de lampes émet beaucoup de rayonnement UV, habituellement dans les longueurs d’onde des UVC, qui sont les plus nocifs de tous les UV. Simpson (2018) a démontré qu’une surexposition au rayonnement UV pourrait survenir en quelques secondes ou minutes si le travailleur se tient à environ 3 pieds d’une lampe germicide, en comparant une dose moyenne de lumière UV efficace à la limite d’exposition professionnelle de 3 mJ/cm2 pour un quart de travail d’une durée de 8 heures.

Étant donné l’introduction accrue de technologies émettrices de rayonnement UV dans les serres de culture, il faut mener d’autres recherches afin de mesurer correctement l’exposition des travailleurs et les niveaux de risque.

Références

FUMÉE DE FEUX INCONTRÔLÉS

Au Canada, les feux incontrôlés, y compris les incendies de forêts, de zones broussailleuses et de prairies, surviennent d’ordinaire entre avril et le début octobre. On dénombre environ 7 300 incendies qui détruisent 2,5 millions d’hectares chaque année (1,2). On s’attend à ce qu’ils soient plus fréquents en raison des changements climatiques, les nouvelles conditions météorologiques accentuant le risque de feux incontrôlés (3).

Pendant la saison des feux, les taux élevés de particules fines (PM2,5) contenues dans la fumée sont le principal problème de santé publique. En plus des particules, la fumée de feux incontrôlés contient plusieurs cancérogènes connus et soupçonnés, y compris le benzène, les hydrocarbures aromatiques polycycliques, le buta‑1,3‑diène, l’acroléine, le formaldéhyde et d’autres (4). Elle contient également divers gaz et substances, y compris l’ozone (O3), le monoxyde de carbone (CO), le dioxyde de soufre (SO2), des composés organiques volatils, le mercure et le dioxyde d’azote (NO2) (5).

La fumée de feux incontrôlés peut causer des symptômes tels que l’irritation des yeux, des maux de tête, le mal de gorge, la toux et des écoulements nasaux (1,6). Certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres aux effets de l’exposition à la fumée d’incendie forestier sur leur santé, y compris les personnes âgées, celles qui travaillent à l’extérieur, les enfants, les femmes enceintes et les personnes souffrant déjà de problèmes de santé (1,6). L’exposition peut avoir pour effet d’aggraver les maladies cardiovasculaires et pulmonaires. En effet, elle est associée à un taux de mortalité plus élevé et à un plus grande morbidité respiratoire (7,8). Les effets à long terme d’expositions aiguës et périodiques à la fumée des feux de forêts sont toujours inconnus et constituent un aspect important de la recherche émergente, et la saison des feux de forêt au Canada s’allonge de plus en plus et ces incendies se font de plus en plus intenses (9‑11). Selon le Centre international de recherche sur le cancer, la pollution de l’air extérieur et les particules associées seraient cancérogènes pour l’homme et la fumée de feux incontrôlés contribuerait à l’effet cancérogène (12).

Certains travailleurs peuvent être plus exposés à la fumée de feux incontrôlés et à ses effets sur la santé. L’exposition des pompiers forestiers, en particulier, est plus élevée que pour le public en général en raison de leur proximité des feux, du volume d’air aspiré plus élevé et d’une protection respiratoire parfois inadéquate (13,14). Elle varie en fonction de la durée de la saison des feux et du nombre de saisons pendant lesquelles ils ont été exposés. Navarro et al. ont estimé que les pompiers forestiers risquent davantage de mourir d’un cancer du poumon (de 8 % à 43 %) en plus de souffrir davantage de maladies cardiovasculaires (15). Les travailleurs extérieurs et les premiers intervenants appelés sur les lieux d’un feu incontrôlé courent également le risque d’être exposés à la fumée qu’il dégage (12,14,16,17).

Références
  1. Gouvernement du Canada. La fumée des feux de forêt et votre santé (2021)
  2. Ressources naturelles Canada. Feux de forêt (2021)
  3. Ressources naturelles Canada. Changement climatique et feux (2020)
  4. Centre international de recherche sur le cancer. Monographies du CIRC. Painting, Firefighting, and Shiftwork: Volume 98(2010) (PDF)
  5. BC Centre for Disease Control. Effets de la fumée d’incendie de forêt sur la santé  (2014) (PDF)
  6. BC Centre for Disease Control. Health Effects of Wildfire Smoke (2021) (PDF)
  7. Cascio WE. « Wildland fire smoke and human health ». Sci Total Environ 2018;624:586–595.
  8. Reisen F, Duran SM, FlanniganM, Elliott C et K.Rideout, « Wildfire smoke and public health risk ». Int J Wildland Fire 2015;24(8):1029–1044.
  9. Coogan SCP, Robinne FN, Jain P et MD Flannigan. « Scientists’ warning on wildfire — a Canadian perspective ». Can J For Res 2019; 49(9):1015–1023).
  10. Gouvernement du Canada. Changement climatique et feux (2020)
  11. Wang X, Thompson DK, Marshall GA, Tymstra C, Carr R et Flannigan MD. « Increasing frequency of extreme fire weather in Canada with climate change ». Climatic Change 2015;130(4);573–586.
  12. International Agency on Research for Cancer (IARC). Monographies du CIRC. Outdoor Air Pollution: Volume 109(2016) (PDF)
  13. Cherry N, Barrie JR, Beach J, Galarneau JM, Mhonde T, Wong E. « Respiratory Outcomes of Firefighter Exposures in the Fort McMurray Fire: A Cohort Study From Alberta Canada ». J Occup Environ Med 2021;63(9):779-786.
  14. Navarro K. « Working in Smoke: Wildfire Impacts on the Health of Firefighters and Outdoor Workers and Mitigation Strategies ». Clin Chest Med 2020;41(4):763-769.
  15. Navarro KM, Kleinman MT, Mackay CE, Reinhardt TE, Balmes JR, Broyles GA, Ottmar RD, Naher LP et Domitrovich JW. « Wildland firefighter smoke exposure and risk of lung cancer and cardiovascular disease mortality ». Environ Res 2019;173:462-468.
  16. Moitra S, Tabrizi AF, Fathy D, Kamravaei S, Miandashti N, Henderson L, Khadour F, Naseem MT, Murgia N, Melenka L, Lacy P. « Short-Term Acute Exposure to Wildfire Smoke and Lung Function among Royal Canadian Mounted Police (RCMP) Officers ». Int J Environ Res Public Health 2021;18(22):11787.
  17. National Institute for Occupational Safety and Health. Outdoor Workers Exposed to Wildfire Smoke (2021)
Références

Abonnez-vous à nos bulletins

L'équipe CAREX Canada offre deux bulletins réguliers: le Bulletin électronique semestriel résumant les informations sur nos prochains webinaires, les nouvelles publications et mises à jour des estimations et des outils; et le Bulletin des actualités cancérogènes, un condensé mensuel des articles de presse, des rapports gouvernementaux, et de la littérature académique relative aux substances cancérigènes que nous avons classé comme important pour la surveillance au Canada. Inscrivez-vous à un de ces bulletins, ou les deux, ci-dessous.

CAREX Canada

School of Population and Public Health

Université de la Colombie-Britannique
Campus de Vancouver
2206 East Mall, bureau 370A
Vancouver, C.-B. V6T 1Z3​
CANADA

© 2024 CAREX Canada

En notre qualité d’organisation nationale, nous effectuons nos travaux en territoire autochtone. Aussi reconnaissons-nous que notre organisme d’accueil, le campus Point Grey de l’Université de la Colombie-Britannique, est situé sur des territoires traditionnels, ancestraux et non cédés des xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam).